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Confessions d’un biclou
La COP 21, ça commence ici et maintenant. Mais pas facile d’avoir deux roues à Villiers le bel…

Vous m’avez surement déjà rencontré. Je circule souvent entre Derrière les murs de Monseigneur (c’est long à écrire mais ça fait classe) et la gare de Villiers. Mon pédalier qui grince un peu et le son aigrelet de ma sonnette vous font vous retourner, et vous écarter gentiment pour me laisser le passage.
Je sais, je ne devrais pas rouler dans les allées ou sur les trottoirs. Mais mon patron à la frousse dans la rue, des voitures folles, des motos en roue arrière, et surtout, surtout, des camions énormes qui vous passent à moins d’un mètre. Car il n’y a pas de piste cyclable digne de ce nom entre le domicile de mon patron et la gare. Ce n’est pas cette ligne de peinture blanche au 3/4 effacée sur la D 370, qui s’interrompt brusquement et que ni les bus ni les voitures ne respectent, qui mérite le nom de piste cyclable.
Donc je suis sur le trottoir, en allure modérée bien sûr, attentif aux piétons et aux jeunes qui se rendent par grappes colorées au collège Saint Ex. Mon patron me fait prendre ensuite la petite rue du Haut du Roi, qui conduit à l’ex hôpital Charles Richet, puis dépassant celui-ci, je me faufile entre les grillages, longeant à ma gauche l’hôpital et à ma droite le parc des sports. Ce n’est pas une piste cyclable, et pourtant elle en mériterait bien le nom et de surcroit légèrement en pente, elle se parcourt en roue libre !
Cela nous amène, à la hauteur de la piscine, devant laquelle je passe pour me glisser à gauche, devant le club de tir à l’arc, et emprunter en contournant la grosse borne, la prairie qui mène vers l’ORT et la rue de Choiseul, qui me conduit paisiblement jusqu’à la gare, la destination où mon patron me laissera.
Gare ! Où se garer à la gare…
Vous l’avez deviné, je suis un vélo, plus tout neuf puisque arpentant depuis presque vingt ans les rues et surtout les trottoirs de Villiers. Pas sportif pour deux sous, humblement quotidien, utilitaire, et pour tout dire écolo, car je ne compte plus les tonnes de CO2 que j’ai fait économiser.
Donc nous voici arrivés à la gare. Bien sûr rien de prévu pour les biclous de mon espèce, ce qui force mon patron à m’entortiller à une barrière devant le Crédit lyonnais, en espérant me retrouver dans quelques heures. Et j’espère qu’il ne pleuvra pas, ce qui tremperait ma selle, et par voie de conséquence le postérieur de mon patron.
Fantasme d'Amsterdam
J’ai quelques heures pour méditer, et même pour rêver. A ces pays nordiques où le vélo est roi. A ces pistes séparées de la circulation automobile où jeunes et vieux peuvent rouler en toute tranquillité, a ces immenses parking à vélos devant les gares de Londres, d’Amsterdam, de Stockholm.
Villiers n’est pas une capitale certes, mais un peu de bonne volonté locale permettrait de relier chaque quartier aux collèges, qui seraient équipés d’espaces abrités ou se rangeraient des dizaines de vélos. Ainsi serait donné aux jeunes le gout d’un effort minimum, au lieu de s’entasser dans un bus polluant pour faire 500 mètres…
Ainsi pourrait-on redessiner une ville douce, plus silencieuse, plus conviviale. Aux grandes messes genre COP 21, qui donnent bonne conscience à nos dirigeants, pourraient s’ajouter plus efficacement des projets locaux, immédiatement réalisables, et redonner à la bonne vieille bicyclette toute sa place dans la vie quotidienne.
Par “Le vélo” (Villiers-le-Bel) PCC Roberto