- Stéréotype
Echappée belle
Cases, tiroirs ou groupe d'appartenance. MOP, notre spécialiste sarcelloise du billet d'humeur, nous fait partager la case où elle se retrouve. Et nous, où (en) sommes nous ?

C'est au détour d'un long rapport administratif que j'appris quel était mon groupe d’appartenance. Jusque là, je cherchais toujours à quel groupe pouvais-je bien appartenir : les anciens du collège, du lycée, de l'école de formation? Les anciens du club d'art martial ? Les anciens habitants de l'Est de la France, de la Corrèze ou du sud ouest ? Les anciens du club des anciens ? Les anciens déçus des formations politiques ? Les anciens du club de défense de la fève de la galette des rois ? Les anciens défenseurs des veuves et des orphelins ? Les anciens amoureux des anciens bancs publics ?
Bref, le temps passant, je ne voyais plus à quel groupe, je pourrais bien me raccrocher quand en ouvrant la énième nouvelle étude de la politique de la ville établissant le diagnostic du territoire pour une énième réunion à ce sujet, je compris que je pouvais me raccrocher à ce nouveau club : les anonymes du public captif…
Alors que tous cherchaient à se barrer de là, à s'en sortir, que les collègues, supérieurs, amis ou élus n'habitaient pas dans « la cité » que leurs enfants allaient à l'école privée, qu'ils déroulaient leur carrière mais habitaient ailleurs, je me retrouvais, stupéfait, captif du territoire.
On m'attribuait ce titre honorable, moi, le français moyen, à salaire moyen, à maison moyenne quand elle n'était pas mitoyenne, un citoyen de moyenne zone quand ce n'était pas de seconde zone, captif, emprisonné par, selon les différentes rubriques, le fils malade, le mari décédé, la petite retraite, les dettes générées par des impôts locaux supérieurs à la moyenne , la belle-mère hospitalisée, le RSA, ou « seulement » deux SMIC.
L'anonyme du public captif que j'étais ne payait que moyennement ses transports : enfin on lui attribuait 4 zones lui un citoyen de seconde zone qui habite la Z.U.P., la Z.A.C., la Z.A.D., la Z.U.S., que sais-je ? Ses enfants allaient dans des collèges moyens tant et si bien que confrontés ailleurs ils en perdaient tous leurs moyens.
Je compris que pour les politiques parisiens, n'ayant pu « m'en sortir » je resterai toujours ce « pauvre banlieusard ».
Alors, je laissai les politiques m'étudier. Né quelque part, habitant de l'est du Val d'Oise, ce serait dans ma tête que je vivrais le mieux, dans des actions concrètes que je ferais le mieux, avec mon stylo que je dirais le mieux, avec mon coeur que je vivrais le mieux, dans les livres, les spectacles, le théâtre, la chanson, la musique que je m'échapperais le mieux. Je ferais ma politique, celle des petits pas, à ma dimension de ce pauvre banlieusard que je suis !
Par MOP
(Anonyme du public captif)