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INDIGNEZ-VOUS/NUIT DEBOUT « Que nul n'entre ici s'il n'est révolté »


Alain est un ancien prof d'histoire, il nous livre ici une tribune plutôt pointue associant Indignez-vous et Nuit Debout…

Durant les vingt premières années de ma vie j’ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents ; au cours des trente suivantes, j’ai vu mourir la promesse d’un monde meilleur.

Mais la substance réelle de ces prétendues promesses, c’est l’intensification du travail, la servitude volontaire, l’impuissance à éduquer mieux nos enfants, et la destruction des forêts vierges. Il s’affirme donc que chaque « réforme pour aller de l’avant » peut masquer un grand bond en arrière.

Où que l’on porte le regard, on a toutes les chances de constater comme une inversion du mouvement, à rebours de ce que nous avions jusqu’alors appelé le progrès.

Le spectacle que nous donnent les sociétés actuelles montre que la tâche est énorme : déficits abyssaux, actionnaires toujours plus avides, misère grandissante, inégalités criantes, esclavage plus ou moins déguisé, pratiques religieuses asservissantes, domination par la peur, par les armes ou par l’argent, dans tous les pays et sur tous les continents. Pour le pétrole ou pour l’uranium, pour la drogue, pour l’or et l’argent, parfois avec Dieu ou Allah pour alibi, des peuples entiers ont été et sont toujours asservis, dominés, torturés.

L'heure du réveille

Certains se lèvent, comme autour de la Méditerranée, en Amérique latine, et, après tant de souffrances et d’humiliations, redressent la tête. Ce serait à nous de les aider, non pas à trouver la voie qui nous conviendrait, et qui s’apparenterait à un néo-colonialisme, mais à leur donner des moyens pour trouver leur voie personnelle. Le concept de démocratie n’est pas suffisant, il faut davantage réaliser un monde où chaque Humain puisse bénéficier, d’une façon égale, de la justice sociale, dans des sociétés libres et fraternelles.

Point n’est besoin d’aller en Bolivie de jadis ou en Syrie pour constater l’inacceptable : sur notre sol qui a vu naître nos principes sur lesquels le néo-libéralisme, le populisme, les multinationales s’asseyent en se gaussant, la misère et les inégalités de toute nature deviennent de plus en plus insupportables : Or, l’Histoire nous prévient qu’aucune civilisation n’est à l’abri d’une amnésie collective qui ferme pour longtemps la voie du progrès en coupant les ponts avec le savoir-faire accumulé par les générations antérieures. Jane Jacobs dans Le déclin des grandes cités américaines (Armand Colin 1974) souligne à juste titre que cet improbable oubli général est le syndrome le plus frappant chez les survivants des civilisations mortes : ils n’ont pas seulement et irrémédiablement perdu les outils, les techniques, les institutions de leurs ancêtres, mais encore toute idée de ce qui a été oublié, la conscience même que quelque chose a été perdu.

C’est pourquoi on parle à juste titre d’une « renaissance » quand une société, longtemps piégée dans cet oubli-comme le fut un temps l’Occident au Moyen- Age renouvelle son contact avec son héritage perdu : comme un nouveau-né il faut lui réapprendre à penser.

Car la culture d’une société humaine n’est pas un simple paquet d’informations qu’il suffirait de réinstaller dans les cerveaux pour la restaurer ; c’est un ensemble complexe de savoir-faire intellectuels, manuels et sociaux qui s’acquièrent par l’éducation, l’apprentissage, l’exemple et l’expérience, sans quoi la somme brute des informations disponibles est presque inutilisable Aussi Jacobs, n’hésite –t-elle pas à prévenir, que la maitrise des techniques de stockage et de traitement de l’information ne prémunit en rien contre un nouveau Moyen- Age, contre une perte durable de civilisation.

En résumé…

La leçon peut se résumer ainsi: Entre les êtres humains, le seul progrès qui compte vraiment, c’est le progrès social, au sens le plus large du terme, c’est-à-dire l’extension de leur capacité à faire société, à vivre bien avec autrui et tous ensemble. Depuis près de cinquante ans les économistes nous prédisent un avenir où le seul travail serait en partie exclu au profit d’un système bancaire dominant, exclusivement axé sur les profits financiers rentables à court terme. A un tel point que même les Etats s’en trouvent déstabilisés, soumis au diktat des agences de notation. Ce n’est pas le peuple grec ou tel autre peuple qui est responsable de sa banqueroute, mais plutôt la spéculation effrénée sur leur économie, respective.

La mainmise de l’économie ou des oligarchies financières sur le politique, se trouve quelquefois intimement mêlés. .Aujourd’hui la financiarisation débridée, s’attaque aux états, accélérant ainsi le phénomène de paupérisation de ces états et de ses habitants La volonté minoritaire des plus puissants groupes financiers d’en finir partout sur le globe où cela existe avec « l’Etat Providence »nécessite une attaque frontale des politiques sociales propres à chaque pays quel qu’en soit sa forme politique. Peu à peu les citoyens de ces pays, constatant la carence du politique, se regroupent afin de ne pas finir en peuple asservi, et pouvoir trouver ou retrouver une parole qu’ils risquent de perdre au seul profit de ces oligarchies.

La jeunesse du monde

Aujourd’hui les revendications des « indignés » Nuit debout tendent à devenir globales, tous exigent une société plus démocratique où les préoccupations des sans- grades seraient mieux prises en compte par les différents pouvoirs en place dans le monde, hors du champ systématique du système bancaire. Les révolutions arabes, même avec tous les risques encourus de déviances religieuses, de pouvoir militaire nous montrent une des voies possibles vers la liberté.

Nous aurions tort de vouloir systématiquement trouver, voire rechercher des déviances, dans ces mouvements originaux dans leur conception qui se mettent en place sur notre planète.

Car c’est de notre propre liberté qu’il s’agit : et de notre responsabilité : mettre en place les conditions nécessaires à la Fraternité. Dans ce contexte le petit livre de Stéphane Hessel (INDIGNEZ-VOUS) prend toute son importance, d’une part par son rapport à une histoire récente, nécessaire, déjà oubliée par les plus jeunes d’entre nous, d’autre part par son optimisme et sa foi dans l’humanité.

NNUIT DEBOUT, est la poursuite de ce mouvement nécessaire à la dignité des femmes et des hommes de notre pays. La jeunesse est vivante, elle s’exprime pour un meilleur avenir, elle appelle à la résistance contre l’obscurantisme, avec ses moyens, ses aspirations à une vie bonne. Nous devons soutenir nos enfants dans leurs objectifs, si nous voulons nous respecter nous-mêmes.

Par Alain Barberye

#NuitDebout #Indignezvous

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