- Qui l'eut cru ?
À la recherche des temps perdus…
Un matin tôt de fin août devant l'église Saint-Didier de Villiers-le-Bel, un groupe de personnes cherche l’ombre… Mais que font-ils là et d'ailleurs pourquoi sont-il là. Cherchent-ils eux aussi des Pokemom© ? Un trésor ? Brigitte et Roberto étaient de ceux-là et ils nous disent tout sur cet attroupement…

Si vous êtes allé(e) à la mairie en venant de Sarcelles il y a des chances pour que vous soyez déjà passé(e) devant le musée archéologique de Villiers le Bel...Dans le prolongement de la rue de la République, au numéro 16 du boulevard Carnot vous n’avez sans doute jamais remarqué ce hangar de tôle...et pourtant ! Qui pourrait imaginer que derrière ce bâtiment se dissimule une partie du passé de notre région ?
En ce dimanche caniculaire de la fin août un petit groupe d’une douzaine de curieux et de passionnés cherche l’ombre. Ils sont venus parfois de loin pour cette balade archéologique à travers Villiers le bel : Louvres, Paris, Pantin, Orry la Ville... même si perturbations du RER en a découragé quelques-uns. Le rendez- vous a été donné en face de l’église Saint Didier et chacun se presse vers les co-organisateurs qui arrivent : Christian Garcia de l’association de la Jeunesse Préhistorique et Géologique de France et de Julien Cauchon, chargé des publics au musée archéologique d’ Archéa à Louvres.
Nous le savions mais nous allons en découvrir encore d’autres : notre commune de Villiers le Bel regorge de trésors ! Il suffit d’ouvrir les yeux. La visite commence, sur la place de l’église, par le puits gallo-romain, protégé par une grille. Ce puits a été découvert lors des fouilles menées par Remy Guadagnin, à l’origine des JPGF; et date du premier siècle après JC, classé monument historique en 1970. Il a servi de dépotoir à nos ancêtres et les débris jetés pas des dizaines de générations ont permis de reconstituer l’histoire de notre commune. Chacun se penche et allume la lampe de son smartphone pour apercevoir la surface de l’eau qui brille à juste 5 mètres de profondeur. Ce puits alimentait les maisons regroupées autour de la maison forte et du prieuré qui se trouvaient sur cette butte.
Juste à côté se trouve le petit local mis à disposition de JPGF par la mairie et qui a servi de lieu d’exposition mais qui ne peut plus être utilisé à cause des nouvelles normes de sécurité. Dommage !
Nous passons ensuite près de l’église qui, à elle seule, mérite plusieurs heures de visite; elle aussi est classée monument historique depuis 1931 et son orgue depuis 1939. Puis nous avons droit à des commentaires sur les fouilles menées sur l’emplacement actuel de l’école, en 2009 par François Gentilli de l’INRAP et qui ont confirmé, grâce à la découverte de sarcophages mérovingiens, de nombreuses pièces de monnaie et de céramiques, l’existence d’une maison forte appartenant aux le Bel. Il s’agissait d’une famille aussi puissante que celle des Montmorency sans doute plus connue et à laquelle le roi faisait souvent appel.
Le petit groupe emprunte maintenant la rue de la République, autrefois axe majeur vers la route d’Amiens et dépasse l’ancien cimetière qui se trouvait en face de l’actuel collège Martin Luther King. Ce grand cimetière médiéval fut transféré à la fin du XIX° siècle dans le cimetière actuel, mais les fouilles menées en 1976 permirent d’exhumer un certain nombre de squelettes et d’objets de la vie quotidienne : restes de vêtements, bijoux, vaisselle…
Notre région regorge de traces du passé et tous les travaux entrepris dans le nord de l’Ile de France et particulièrement la construction de Roissy ont révélé de fabuleux vestiges. Il nous faut être reconnaissants à tous ceux qui, depuis plusieurs dizaines d’années, fouillent méthodiquement, du Thillay au Plessis- Gassot, de Villiers le bel à Roissy, et tout au long de la vallée de l’Ysieux, la quinzaine de sites jadis occupés par les Gaulois, les Gallo- romains, puis les Mérovingiens.. C’est au musée Archéa de Louvres que, depuis 2010 la plupart de ces découvertes ont été esposées.
Mais ces époques lointaines ne sont pas les seules avoir laissé des traces et le hangar dans lequel nous pénétrons maintenant abrite des véhicules et outils plus récent s. ils datent du XIX°siècle et du début du XX° et témoignent de la vie et des travaux de nos aïeux. Car l’association JPGF a aussi une vocation ethnographique. Notre petit groupe s’arrête, surpris, devant une cabane de berger. Celle-ci était tirée par un âne ou une mule et abritait le dernier berger qui ait travaillé en Plaine de France jusqu’en 1964. A l’intérieur on peut voir un mobilier très rudimentaire et du matériel pour soigner et tondre les moutons.
A côté sont conservés des charrettes, des tombereaux à betteraves tirés par des bœufs jusque dans les années 50, un semoir à petit pois, pièce exceptionnelle, nous fait remarquer notre conférencier, puis un sarcophage mérovingien découvert en 1984 par un agriculteur dans son champ à Luzarches au milieu de 8 sarcophages adultes et de celui d’un enfant.
Puis on retrouve, pêle-mêle du matériel plus récent et des accessoires d’avant-guerre que nos grands- parents ont bien connus : des ustensiles pour faire la lessive, un grand pressoir à pommes et à vin provenant du Val Roger, une e pompe à incendie, un diable en bois, une meule en grès de Fosses. Nous avons droit à une démonstration de l’efficacité de ces meules de 60 kilos qui permettent l’obtention d’une farine si fine que le boulanger du village en a fait récemment un pain délicieux. Gageons que nos écoliers amenés ici par leurs enseignants pour découvrir le passé des beauvillesois doivent ouvrir de grands yeux.
La visite se termine par une projection présentant très concrètement l’organisation des fouilles menées par les bénévoles qui ont permis ces découvertes. Quelques boissons bien appréciées étant donné la chaleur qui règne sous le hangar, conclut cette passionnante après-midi. Avec le seul regret que ces authentiques trésors ne soient pas davantage valorisés, car savoir d’où l’on vient permet de mieux savoir où l’on va…
Par Brigitte & Roberto
Jeunesse Préhistorique et Géologique de France
62 rue de la République - 95400 Villiers le Bel
ARCHEA
56 rue de paris - 95385 Louvres