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Dis-moi Visago, c'est quoi un PDEC ? 3/3
Depuis le début de la crise sanitaire, nous découvrons sur certains territoires des agents de l’État local aux missions jusque là inconnues. Sébastien JALLET, Préfet Délégué pour l’Égalité des Chances au sein de la préfecture du Val d'Oise compte parmi ceux-là. Rencontre avec celui qui veille à la mise en place des dispositifs dans les QPV du Val d'Oise. A découvrir en mode triptyque… 3/3

SÉCURISER LES QUARTIERS PENDANT LA CRISE SANITAIRE : RETOUR SUR L’ACTION DE LA PRÉFECTURE PENDANT ET POST-CONFINEMENT.
Véritable bouleversement ayant touché toutes les couches sociales de la population, la crise sanitaire a eu « un impact […] plus fort pour les territoires et les publics qui sont les plus vulnérables. » Le rôle de Sébastien Jallet, Préfet délégué pour l’égalité des chances du Val d’Oise, a ainsi pris une tournure toute particulière : « veiller à ce que nos concitoyens les plus fragiles et les plus vulnérables soient accompagnés au mieux. » Retour sur les actions de la Préfecture dans la gestion de la crise sanitaire pendant et post-confinement.
« Mettre à l’abris toutes les personnes en détresse »
Sur ce point, Sébastien Jallet est très clair. Aucune personne ne doit rester « à la rue en cette période de confinement et de crise sanitaire. » Ainsi, grâce aux enveloppes budgétaires débloquées par L’état, la Préfecture du Val d’Oise a pu mettre à l’abri les « personnes en détresse, sans domicile fixe et à la rue, dans des hôtels qui ont été réquisitionnés » par le département. Résultat : 9 000 puis « 11 000 personnes [ont été] prises en charge dans des centres d’hébergement et des hôtels sociaux de par l’action de l’Etat. »
Aider à l’alimentation et à l’accès aux produits de première nécessité pour les plus démunis
Parmi les autres actions clés de la Préfecture, Sébastien Jallet a tenu à féliciter les réseaux de solidarité associatifs qui se sont mobilisés en soutien aux plus démunis. L’objectif de ce travail partenarial : « faire en sorte que les personnes plus vulnérables puissent s’alimenter et subvenir à leurs besoins essentiels. »
Pour cela, la Préfecture a travaillé main dans la main avec des associations telles que « les Restos du Coeur, la Croix Rouge, le Secours Catholique, Espérer 95 » entre autres. Leur principale action : mobiliser des « équipes de maraudes pour aller dans les campements et les bidonvilles au contact des populations » les plus fragilisées par la crise.

L’État mobilisé auprès des familles modestes : le Préfet pour l'égalité des chances participe à la distribution de chèques alimentaires et de livres auprès des familles suivies par le CCAS de Villiers-le-Bel. La Caf verse 18 M€ d'aide exceptionnelle à 205.203 Valdoisiens. © Twitter - Préfet du Val d'Oise
En plus du soutien psychologique, elles ont également apporté de quoi subvenir aux besoins élémentaires de ces personnes grâce au soutien financier mobilisé par l’Etat. Elles ont ainsi pu avoir accès à « des colis alimentaires » ainsi que « des tickets services […] : des bons de 3,50€ par personne et par jour pour acheter des produits de première nécessité. »
Par ailleurs, les familles et ménages modestes ont eu accès à des aides de 250€ octroyées par L’État, ainsi qu’à des tickets services distribués dans les Centres communaux d’action sociale (CCAS). Un enjeu d’aide sociale et solidaire très fort que Monsieur Jallet a tenu à saluer.
Des dispositifs d’accompagnement et d’aide renforcés quant aux violences conjugales et intrafamiliales
Face à ce « phénomène déjà très préoccupant en temps normal », la Préfecture, accompagnée des différents acteurs du territoire, s’est entièrement mobilisée pour être la plus présente possible aux côtés des victimes.
« On a demandé aux forces de sécurité d’intervenir systématiquement en cas d’appel pour un différend familial au domicile » nous explique d’abord Sébastien Jallet, dont le rôle d’assurer la sécurité de tous s’est accentué pendant la crise. Différents moyens d’appel au secours ont dès lors été mis en place ou renforcés pour permettre aux victimes de se signaler. Le 3919, numéro d’appel pour les femmes victimes de violences, a ainsi été élargi aux soirs et aux week-ends, de même qu’un numéro d’urgence, le 114, a également été débloqué pour que les victimes puissent « signaler une difficulté ou demander de l’aide de façon discrète », par SMS. Ces dispositifs ont été diffusés grâce à une large « campagne de communication d’affichage départemental », nous explique le PDEC.
Sur le terrain, des associations du territoire ont tenu des « lieux d’accueil » dans les grands centres commerciaux afin d’assurer une présence pour les victimes. Le réseau des pharmacies a également été mobilisé pour écouter voire donner l’alerte. En somme conclut Monsieur Jallet : « on a fait en sorte, sur les questions des violences conjugales et intrafamiliales, d’être en écoute et en réactivité encore plus forte que d’habitude. »
Assurer la continuité éducative des enfants et jeunes issus des familles les plus modestes
Afin de pallier les cours en présentiel durant le confinement, un tout nouveau modèle éducatif a dû être dépêché en urgence pour assurer la continuité pédagogique durant le temps de crise. Or, beaucoup de ménages se sont vus dans l’incapacité de proposer des ressources numériques suffisantes à leurs enfants, qu’il s’agisse de PC et de tablettes voire d’imprimante ou de wifi.

Les #CitésÉducatives mobilisées contre la fracture numérique : 489 tablettes numériques remises ce matin aux élèves de Villiers-le-Bel par le Préfet du Val-d'Oise pour l'égalité des chances, la rectrice de l'Académie de Versailles et le DSD de l'Éducation Nationale. © Twitter - Préfet du Val d'Oise.
« On a constaté assez rapidement […] que beaucoup d’enfants étaient en difficulté avec la scolarité à distance, dans les quartiers en particulier », explique Sébastien Jallet. Tenu au courant de ces périls grâce aux réseaux d’acteurs locaux, l’Etat a agi en conséquence pour que tous les enfants puissent poursuivre sereinement leur scolarité.
« Avec l’appui du Ministère chargé de la Ville et le Conseil départemental, on a fait en sorte de pouvoir mettre à disposition des équipements numériques pour les ménages et les enfants dans les quartiers. » Ainsi, « ce sont près de 2 500 tablettes ou PC qui ont été remis sous forme de prêt ou de dons à des familles des QPV du Val d’Oise pour que les enfants puissent suivre une scolarité à distance », nous rapporte le PDEC. « C’était nécessaire », martèle-t-il.
Outre les moyens techniques, les réseaux de solidarité qui se sont formés dans les quartiers prioritaires ont fortement contribué à l’égalité des chances éducative. « On recense sur le territoire toutes les bonnes volontés et il y en a beaucoup », soutient ainsi Monsieur Jallet. Des étudiants, des associations de quartiers ou encore des centres sociaux se sont démenés pour assurer la continuité pédagogique et faire « du tutorat, du mentorat, du coaching parfois ! »
A ce jour, difficile de dire si ces mesures ont eu un vrai effet positif sur la scolarité des jeunes par rapport à leur parcours classique. Mais selon le PDEC, les résultats évaluables sont encourageants ! « On a constaté […] qu’il y a eu moins de décrochages, moins d’élèves perdus de vue dans les territoires où ces équipes pour la continuité éducatives sont mises en place. » Malgré les impacts lourds de la crise sanitaire, le Préfet délégué pour l’égalité des chances a souligné les bienfaits des réseaux de solidarité et d’entraides qui se sont mis en place durant un temps particulièrement difficile, surtout pour les quartiers prioritaires. Une dynamique qu’il espère voir se poursuivre après la crise.
Par Emmanuelle Alves